Doutes de mi-parcours

En ce moment ce n’est pas évident.
Je suis ici depuis 6 mois, c’est la moitié du chemin. Je regarde en arrière, je fais le bilan, mais je regarde aussi en avant et je commence un peu à flipper pour le retour car je ne sais pas du tout ce qui m’attend…
J’ai pas mal de doutes.
Pourtant je sais que je suis partie pour les bonnes raisons, mais c’est difficile, de s’expatrier délibérément, de briser certains liens, d’en couper d’autres momentanément, d’abandonner tout ce qu’on connait et qu’on aime, tout ça pour se retrouver volontairement seule et livrée à soi-même à l’autre bout du monde. Est-ce que ça vaut vraiment le coup finalement? Est-ce que c’était vraiment mon choix de dépenser tout mon argent (et même celui que je n’ai pas) et de changer la base même de toutes mes relations avec les autres? Ça m’a effectivement permis de faire un tri volontaire parmi les gens que je connais, mais aussi de perdre certains amis. Il y-a les gens qui essayent de renouer contact tout d’un coup sans aucune raison (ou alors c’est juste parce que je suis au Japon, parce que c’est classe et peut-être même parce qu’on va pouvoir me demander des trucs), il y’a ceux qui, au contraire n’osent plus me déranger. Quoiqu’il en soit, il est certain que ce voyage aura changé des choses dans ma vie, que ce soit intentionnellement ou non.

En tous cas, quand je regarde les autres ici, je me sens aussi complètement différente. Je ne suis pas partie pour fuir quelque-chose ou pour fuir ma vie en général, contrairement à beaucoup.
La plupart des gens qui sont ici sont partis pour fuir leur vie misérable et leurs problèmes. La plupart des gens ici se mettent en couple assez rapidement. Forcément, sortir avec un/une Japonais(e), ça aide, on est plus tout seul, on a quelqu’un à la maison pour gérer tous les problèmes de la vie quotidienne, on a quelqu’un avec qui parler Japonais, on a quelqu’un qui nous soutient plus ou moins tous les jours. Puis ces gens là ne veulent plus repartir, et la seule solution qu’ils trouvent c’est de se marier. Des mariages rapides, qui battent de l’aile avant même d’avoir vu le jour, une relation bancale et qui n’est franchement pas construite sur de bonnes bases ou sur une compréhension mutuelle.
Les 3/4 des « expat » (je hais ce mot) ici sont insupportables (et je pèse mes mots).
Les filles deviennent de sales pouffiasses prétentieuses qui en peuvent plus de se la péter parce qu’elle vivent au Japon, qu’elles ont des amis Japonais, que les gens les regardent dans la rue (alors que c’est des boudins) et qu’en plus de tous les accessoires de mode branchés qu’elles collectionnent elle peuvent se payer aussi le luxe de se promener avec un Japonais mignon accroché à leur bras. Les grosses merdes qui se prennent tout d’un coup pour des stars (alors qu’elles en ont probablement bavé avant) ce sont les pires… Celles-là s’accrochent à ce pays comme des bulots sur un rocher. Impossible de les faire partir, même à coup de pied-de-biche (on sens que je suis énervée quand on lit mes phrases non? ^^;).
Les mecs ne valent pas mieux, essayant à tous prix de se « serrer » une petite Jap pour rester ici ad vitam æternam en ayant une bonbonne docile à la maison qui leur fait la bouffe et s’occupe à leur place de tous les papiers administratif ou autre. Ceux-là, ce n’est même pas la peine de parler avec eux car en général ils ont déjà tout vu tout connu mieux que toi de toute façon. Bon, ils ne savent pas lire un kanji, mais de toute façon, à quoi ça leur servirait puisqu’ils ont « ce qu’il faut » à la maison qui s’occupe de ça.
Je suis désolée, mais pour moi tous ces gens veulent rester dans ce pays pour de mauvaises raisons, et qu’ils ne viennent pas me dire qu’ils aiment le Japon parce que ce n’est pas vrai.

Alors, même si en ce moment c’est difficile pour moi, et le fait de ne plus avoir internet n’aide pas (car je suis encore plus coupée du monde), au moins je sais que moi j’ai le mérite d’essayer de me démerder toute seule et je m’en suis pas si mal sortie jusque-là. Je ne fuis pas ma vie, je ne fais pas les choses pour de mauvaises raisons, et ce n’est déjà pas si mal.

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21 réponses à Doutes de mi-parcours

  1. Tanja dit :

    Je reconnais des personnes dans tes portraits des gens… halala la fuite au Japon pour la vie ou pour les vacances parce que c’est mieux que la France (blablablabla) ça c’est une des choses qui m’énervent le plus. Au bout d’un moment les problèmes réapparaitront que ce soir ici ou ailleurs…

    Gambatte ma grande, je ne peux qu’imaginer ta peine d’être loin de ceux que tu aimes ! Je te trouve forte d’affronter ça seule, mais ne craque pas maintenant, va juste qu’au bout et reviens nous encore plus forte que jamais !!!

  2. Ghostcat dit :

    mince, mon commentaire est trop long alors je vais plutôt l’envoyer par mail ^^’

  3. Marie-Neige dit :

    Hahahahaha j’adore cette note !! Je sais qu’on ne se connait pas beaucoup, mais je ne te savais pas ces petits coups de sang. Tu m’as fait rire avec ton portrait, et il y en aurait bien d’autres à faire. En tout cas courage pour tes problèmes domestiques -__- et profite bien de ton séjour.
    (Et envoie moi des bulots-mayonnaise !! lol)

  4. Doc.Fusion dit :

    Je ne suis pas sûr de te l’avoir dit, mais partir vivre à l’étranger un an est une expérience dont je me sens absolument incapable. Et ce justement parce qu’il faut s’adapter à une nouvelle vie, à ne plus voir ses amis, à changer de façon plus ou moins forcée… Mais je suis persuadé que cette aventure est bien plus riche que tout ce que je pourrai vivre en 5 ans sans déménager :)

    Tu as fait un choix, un choix pas facile et tu sais pourquoi tu l’as fait. Rien que pour ça, tu peux être fière de toi.

  5. Mistigri dit :

    Les doutes font partie de la vie : c’est lorsqu’on en n’a pas que l’on peut commencer à s’inquiéter. Car alors cela veut dire que l’on a tracé sa vie une bonne fois pour tute et qu’on en va plus dévier (or personne n’est livré avec le mode d’emploi de la vie…).
    Je dirai que tu as pris la distance (et une fameuse distance en km)pour avoir un point de vue différent sur ta vie, à ce moment précis de ta vie.
    Tu ne sais pas ce qui t’attend quand tu reviendras, (mais tu sais QUI t’attend et ça c’est important)pas plus que tu ne savais ce qui t’attendais lorsque tu es partie, mais tu as vu, les choses se sont bien « emboîtées ». Ce n’est pas un hasard, tu as la bonne attitude face à la vie. Je pense.
    C’est difficile : tu n’as pas choisi la facilité ! Tiens bon la barre ! Tu es en train de franchir un cap.
    Quant aux bulots et autres mollusques et gastéropodes de la famille des « expat » leur vie ne vaut pas un clou ! (sauf avec un bon aïoli bien évidemment ^_~ )

  6. Mr Malinois dit :

    T’as fait la moitié… Le reste va être encore plus facile ! Puis après tu viens habiter sur Paris ! ^^

    uhuhuhuhuhuhuh

  7. iseko dit :

    Je voudrais bien faire du tri dans mes amis aussi, mais j’ai plus aucun amis =)
    Je voudrais bien changer d’air aussi, peut être pas aller au Japon car ca fait loin, mais au moins sortir de Paris et sa banlieue. ^^
    Bref, comme tu le dis, tu as le mérite de te « démerder », et tu t’en sors relativement bien quand on lis ton blog =)
    C’est fou y a vachement de monde qui poste, j’ai l’impression de faire tache ^^

  8. Ghostcat dit :

    même si j’ai dit tout ce que je pensais par mail, Mistigri a écrit encore plus clairement ce que je pense, et notamment le 2nd paragraphe ^.~

  9. cho dit :

    complètement d’accord avec doc fusion et mistigri et donc visiblement avec ghostcat aussi^^
    t’es sur le bon chemin, aies confiance <3

  10. Feyana dit :

    De toutes facons, il n’y a pas de choix parfait. Tu auras toujours des bons ou des mauvais cotes, ou que tu sois et quoi que tu fasses. Mais tu t’en sors tres bien, vraiment !

    Je suis sure de ne pas etre la seule a etre admirative devant tes decisions, j’aimerais pouvoir faire ce genre de choix aussi un jour (partir etudier a l’etranger n’a strictement rien a voir avec une aventure d’un an dans l’inconnu sans aucun cadre pour te guider.. et meme avec le cadre de la fac, on se sent des fois tres -tres- seul).

    Et c’est normal de faire le bilan et d’avoir des doutes, cela te permettra sans doute de ne pas passer a cote de certaines choses pour la derniere moitie de ce periple ^^. Ce sont les personnes qui ne se remettent pas en question qui ont le plus de soucis a se faire.

    Et si tu as besoin de soutien, tu sais que tu en trouveras aupres des gens qui t’apprecient pour qui tu es~ (et du soutien, meme a distance, ca reste du soutien ^^).

    Bref, cheer up ! Et tu es la bienvenue quand tu veux en Coree~ (Ici par contre c’est assez rare de voir des occidentales au bras d’un Coreen… ce sont les mecs occidentaux qui ont du succes aupres des Coreennes !)

    Et a mort ton proprio ! Qu’on le pende par les pieds !

    (j’ai encore trouve un flyer pour un host bar mais cette fois-ci principalement avec des photos de Akanishi Jin xD;;; ).

  11. Sxl dit :

    Ben moi je sais même pas ce que tu fais dans la vie, donc j’ai pas de commentaire à faire…

    Mince, trop tard :p

  12. Mopi dit :

    A la place d’expats t’as qu’à dire zoreils \o/

    Non parce que ça m’a vraiment fait penser à ça et à quel point c’est pénible d’être censée appartenir à un groupe de gens que tu ne supportes pas. ça ne doit pas t’évoquer de bons souvenirs.
    Et pourtant t’as pas peur de t’y confronter, de continuer à bouger, à faire des choses et c’est ça vivre sa vie comme tu dis :)

  13. sironimo dit :

    @Tanja – Ah, toi aussi tu as connus ce genre de personnes? Ca me gonfle plus que tout et je n’aime pas les gens qui fuit bêtement -__-;!
    Merci c’est gentil T___T!

    @Ghostcat – Merci pour ton mail! ^^

    @Marie-Neige – Arf oui, je suis du genre cool mais j’ai mon petit caractère et des bon coups de sang en effet :)!
    Huhu je te jure que ce genre de personnes me gonfle -___-;

    @Doc.Fusion – Merci. Effectivement je pense que c’est une aventure difficile mais riche et je ne la regrette pas!

    @Mistigri – Oui effectivement…Mais j’ai eu un petit moment de mou ça arrive…en tous cas je suis bien contente de ne pas faire partie de cette bande d’expats…beurkkkk !

    @Mr Malinois – Je n’habite que dans les ville en « T »…Toulouse, Tokyo…Tu peux changer la première lettre de Paris pour moi :p?

    @iseko – Arf, c’est malin. Changer d’air tu peux tjs le faire!
    Merci en tous cas…Et même si beaucoup de monde commentent (les gens aiment bien ce genre de post coup de gueule, ça a tjs du succès ^^) un commentaire de toi me fera toujours plaisir ^___^!

    @cho – Voui…parfois c’est pas évident, mais même si j’ai des doutes ce ne sont en aucuns cas des regrets ^^! Merci merci!

    @Feyana – Héhé merci. Bha, je suis sure que tu pourras te lancer toi aussi dans ce genre d’aventures dans quelques temps, je n’y suis pas allée d’un coup je suis venue ici plusieurs fois et j’ai bien pris mes marques avant de venir donc bon…
    La Corée j’airais bien y faire un tour mais ca ne sera pas pour de suite ^^;
    Berf, merci bien et je viens de faire un post avec toutes les merveilles que tu m’as amené :p

    @Sxl – Ce que je fais dans la vie? Très vague la question non ^^;;….je suis au Japon en Working Holiday (visa d’un an) et comme son nom l’indique de travail et je suis aussi en « vacances »…Mon travail (si c’était ça la question d’origine) c’est serveuse à mi-temps dans un Pub Anglais. Voila ^^;;…Mais ce n’est pas le travail de ma vie, c’est juste pour pouvoir payer mon loyer et donc resté ici le temps de mon visa!

    @Mopi – Tiens c’est vrai ça….j’avais déjà eu du mal avec cette situation de Zoreil qui ne peut pas s’adapter à « un clan » ni à « l’autre »…Tsss c’est chiant d’être toujours catalogué aussi!
    Mais tu as raison, merci :)

  14. Lasher dit :

    Coucou. :)

    Bon ben, je venais sur ton blog histoire d’avoir des nouvelles (parce que bon, je culpabilise de pas en prendre assez, mine de rien).

    Donc euh ben coucou. Et pas taper hein, je suis juste trop fainéant pour demander plein de nouvelles, mais euh, j’y pense pas moins pour autant et euh… Oh et puis zut, je vais t’envoyer un mail. :P

    Sinon je comprends parfaitement ce que tu racontes à propos des tasspouffes et des mecs qui font rien qu’à se la péter et qui trouvent une petite copine jap pour tout faire à leur place. Je comprends parfaitement bien, parce que je les envi… enverrait paître s’ils passaient devant moi, bien sûr.

  15. moi dit :

    ahahah j’adore le coup du bulot!! mais tu sais il faut de tout pour faire un monde alors… reste zen!!

  16. mabo dit :

    ben t’as du mérite d’être partie et de te débrouiller là-bas. ça craint si la majorité des gens venus habiter au Japon sont si peu intéressés par le pays où ils débarquent. j’espère que cette vision ne t’empêchera pas de profiter de quelques manières que ce soit de ton séjour.

  17. sironimo dit :

    @Lasher – Salut salut!! Tu peux venir ici, effectivement ça permet d’avoir de mes nouvelles simplement :)!
    Les envier tssss…Non mais je te jure que c’est vraiment énervant ça ici ^^;

    @moi – Oui, oui, oui. Mais je hais les « expats »…

    @mabo – Merci. Non, c’est bon je fais abstraction. Chacun mène sa barque comme il veut, même si c’est chiant de voir les autres faire n’importe quoi ^^;

  18. aurore dit :

    j’arrive après la bataille mais c’est assez drôle car j’ai suivi un séminaire pour les immigrés en Allemagne et on parlait de la crise. Enfin bref, c’est normal d’avoir un moment de baisse de moral, se demander ce qu’on fait là, si c’était pas mieux autrement, mais c’est et ca restera une superbe expérience j’en suis sûre.

  19. sironimo dit :

    @aurore – Oui, je n’ai pas de regrets mais juste parfois, quand tout va mal, pas mal de doutes qui s’accumulent ^^;; Ca arrive…

  20. Les Trasheurs dit :

    L’OTAKU-BIDOCHON

    Au milieu de tous ces touristes du dimanche dépensant l’argent de papa/maman ou un an de salaire durement gagné chez Macdo avec des séjours de deux semaines au Japon juste pour faire les boutiques de mangas et de fringues de goth-loli, il existe une autre race de cons qui, eux, restent plus longtemps sur place mais n’ont pas plus de vie que les campeurs citées plus haut. On les appelle les otaku-bidochons.
    Laissons de côté l’opportunité qui lui permettra de se rendre là-bas et d’y rester, il y en a des tas et toutes différentes. Boulot prestigieux ou baito de merde, sinécure ou travail de chien, mariage par dépit et/ou calcul, études, squattage, prostitution, dealer de Cup Noodles etc. Les occasions ne manquent pas, il faut simplement se bouger le cul. C’est comme pour tout. Par contre, une fois arrivé, les attitudes sont toutes les mêmes chez ces miteux.
    Quand on les regarde bien, on s’aperçoit que la plupart des otaku-bidochons ne sont pas partis au Japon, non. Ils ont fui la France. C’est très différent. Ils ont fui, au choix, leur famille de tarés, leurs rares amis qui se foutaient d’eux, leurs problèmes, leurs complexes, les responsabilités, et surtout la lose, leur seconde ombre et qui leur collera aux baskets toute leur vie. Ils pensent que déménager leur permettra de prendre un nouveau départ. Ils tirent la chasse sur leur passé merdeux mais l’odeur les suivra toujours.

    Donc, après avoir fantasmé dessus pendant des années, notre bidochon, qui est toujours un otaku geek no life et enfant du Club Dorothée pur jus, réalise enfin son rêve. Il vit au Japon. Ça y est ! A Tôkyô évidemment, il ne va jamais plus loin. En France, lorsqu’il n’était qu’un péquenaud, il crachait sur Paris. Mais au Japon, hors de question pour lui d’aller ailleurs que dans sa capitale. Tôkyô, c’est LE Japon !…
    Une fois débarqué de Narita, et installé dans un dormitory, chambre-placard à balais et autre colocation, commence alors une vie de rêve ! Première chose vitale pour lui : le faire savoir ! Il met donc à jour son profil sur tous les réseaux (de cas) sociaux style Fessebouc auxquels il est inscrit et autres forums qu’il fréquente, indiquant consciencieusement à la case « localisation » où il réside désormais. Puis il monte dans la foulée un blog où il nous racontera jour après jour ce qu’il fait là-bas. Il semblerait que beaucoup se rendent au Japon uniquement pour ça d’ailleurs… Tout cela démontre qu’il a beau être dans un autre pays, l’endroit où il restera le plus actif n’est pas le Japon mais le Net.
    Ces priorités prioritaires effectuées, il se rue dans une de ces foires à l’électronique tokyoïtes où il va pouvoir s’offrir des tas de gadgets avec le reste de ses petites économies françaises. Avec l’euro fort, le yen est désormais une monnaie de singes. Il en profite et rafle un super ordinateur, un super portable, une super console, et le tout en japonais évidemment, super mode d’emploi et super ticket de caisse inclus… Il privilégiera toujours les petites touches et autres stickers en jap sur le bidule, c’est mieux. Il faut que tout lui rappelle en permanence qu’il est au Japon, il a encore du mal à y croire lui-même. Une fois de retour en France, ça ne lui servira plus à grand-chose et il risque même d’y avoir de sacrés problèmes de compatibilité mais c’est une éventualité à laquelle il ne songe même pas. La France est derrière lui désormais. Il n’y a que des losers là-bas. Il n’y retournera jamais ! C’est ce qu’il croit du moins…

    Après les endroits de perdition style Akiba, véritables fosse sceptique pour geeks japs et occidentaux, il se rend très vite dans un game center, parce que le Japon, c’est et ça a toujours été le pays des jeux vidéo pour lui. Il va pouvoir se donner en spectacle en sautant dans tous les sens sur un truc de DDR devant un public de trois japonais hébétés qui, de toute manière, ne sauront sortir que des « sugoi » devant les prouesses physiques de notre Zébulon de service. Ça le conforte dans sa nouvelle personnalité. On le regarde et on ne rit pas de lui comme c’était toujours le cas en France. Au Japon, il se sent enfin exister. La larve a fait sa métamorphose pour donner naissance… à une autre larve ! Lui ne voit rien ou simplement ce qu’il veut bien voir.
    Mais en bon mort-vivant, c’est surtout lorsque la lune pointe qu’il se sent le plus vivre. Il enchaîne les soirées resto, Wii et surtout karaoké avec sa bande de potes, qui sont à 90% des Français et bien souvent les mêmes blaireaux qu’il fréquentait dans sa fac de jap en France. Quel dépaysement ! Inutile de préciser que ce sont également des otaku-bidochons comme lui.
    A la tombée de la nuit, les keitai sont dégainés et les mails interposés s’échangent à la vitesse de la lumière dans ce style :

    – C’est l’anniversaire de XXX ce soir, SOIREE KARAOKE POUR TOUS ! Rendez-vous devant la statue de Hachiko à 20h00 ! Confirmez votre présence ! ^o^

    On les trouve toujours là. Ça les a marqués City Hunter… Une fois réunis, ils se déchaînent ! On remarque à ce moment là qu’ils s’appellent tous par leur pseudo respectif. Même dans la réalité, ils se croient encore sur MSN… Naruthomas massacre allégrement Ayumi Hamasaki qui n’a pourtant pas besoin de ça ; Utada_Viking agite la Wiimote comme personne mais bon, vu le nombre d’années de branlette qu’il trimballe derrière lui, c’est un peu normal ; Renaud_Tanaka se met à faire devant l’écran l’une des 186746521 chorégraphies des Momusu et qui est en réalité toujours la même, et clou du spectacle, Cathkyonkyonkyonkyonkyon²² teste sa Wii Fat©, la plaque spécial obèse qui résiste à plus de 300kg de pression au cm² et qui lui fera croire pendant quinze jours qu’elle fait du sport et que cela la rendra enfin mince et belle…
    Le plus friqué ou m’as-tu-vu de ces abrutis, qui est souvent le même, immortalise tout ça en photo avec le méga appareil de la mort qu’il s’est offert la veille, avec le menu tout en jap sur le petit écran et qu’il a bien dû mal à comprendre. Sur les clichés, de bonnes petites têtes de gagnants ! Ils s’agitent, font des grimaces, le « v » de la victoire avec leurs doigts, se croient drôles au possible et super intelligents… En les voyant, on se dit que ça valait vraiment le coup qu’ils déportent leur graisse à 10 000km de là pour se comporter comme de vulgaires ploucs montés à la ville et visitant pour la première fois Japan Expo ! Il n’y a aucune différence et leur tenue de suffisance ridiculise le plus pitoyable des cosplayers. Prions que l’épicentre du prophétique « Big One » qui rasera Tôkyô se situera juste sous une boîte de karaoké, on sera au moins débarrassé d’un sacré paquet de déchets !

    Quand il n’est pas un monstre de naissance, notre otaku-bidochon baise aussi. Enfin ! Ça ne lui était jamais arrivé en France ça. C’était d’ailleurs l’une de ses motivations de départ. Avoir plus de vingt ans et être toujours innocent, ça commençait à être dur. Ses nombreux râteaux accumulés au bled l’ont définitivement convaincu que les Françaises étaient toutes des salopes. Elles sont menteuses, mesquines, intéressées etc. Les Japonaises, elles, sont parfaites ! C’est bien connu… Surtout depuis qu’il sait qu’elles veulent bien de lui. Il enchaîne donc les petites truies jaunes, nippones le plus souvent bien qu’une coréenne peut, de temps à autre, varier son menu faute de mieux.
    Comme tous ceux qui n’ont jamais rien eu ou été et qui accèdent à la gloire du jour au lendemain, il rattrape son retard vitesse grand V et devient arrogant et, en bon nouveau riche du cul, se prend pour un tombeur. Naturellement, il déballe ses exploits sexuels avec des posts très imagés sur son blog. Intérieurement, il se plaint quand même. Toutes ces années à s’astiquer tout seul en France, toute cette énergie, ces Kleenex dépensés… Que de temps perdu ! Bon évidemment, notre grand mâle viril tombe amoureux à chaque fois qu’il conclût avec sa proie du soir et a le cœur brisé le lendemain matin en constatant que la nana avait les mêmes fantasmes et besoins physiques que lui. Lui voulait se taper une nihonjin, elle un gaijin. Il a du mal à accepter qu’une asiatique puisse se comporter comme le buta qu’il est.
    Si c’est une française, elle se fait composter dans la douleur le premier mois et, une fois cicatrisée, elle réalise son fantasme de toujours en s’envoyant à la chaîne une dizaine de nippons lobotomisés mais avec de beaux abdos. Hélas, les muscles ne font pas tout et une fois la vidange de Toshiro avalée, les silences gênants sont à la noce. D’une part parce qu’aucun des deux ne sait la langue de l’autre mais surtout parce qu’ils n’ont rien à se dire. Et puis, notre bidochonne s’aperçoit, comme bien souvent dans ces cas-là, que le fantasme en lui-même était plus savoureux à imaginer qu’à mettre en pratique. Avec le temps, elle constate également, et avec amertume, à quel point les Japonais ne savent pas faire l’amour et ne pensent qu’à leur gueule au lit. Elle larguera très vite l’affaire en se rabattant sur de la viande française qu’elle trouvera dans son dormitory à la con. Après tout, sperme français ou japonais, ça rend les dents jaunes de la même manière…
    Passés plusieurs mois, notre otaku-bidochon se comporte comme ces Japonais en France pour les mêmes raisons que lui, démontrant une fois de plus que si l’enveloppe extérieure des humains peut parfois être différente suivant les continents, l’intérieur est le même. Il se referme de plus en plus sur son groupe d’amis franchouillards, ne fréquentant plus qu’eux. Il devient méprisant envers les autochtones, les trouvant moches et ridicules. Le pays aussi craint. Attention, ce n’est pas une prise de conscience qu’il était mieux en France. Il continue tout autant de cracher sur son pays natal, mais bon, le Japon, c’est un pays de merde aussi. Un de plus. De toute manière, qu’est-ce qu’il connaît du Japon ? Il a beau y être, il a toujours vécu à l’heure française. Pendant qu’il fait semblant de travailler ou se prend pour un chanteur de la Nouvelle Star, son PC tourne et lui télécharge les derniers épisodes de ses séries télé favorites, et en français SVP ! Pas question pour lui d’avoir du retard dans leur visionnage ! Sue Ellen va-t-elle épouser le Dr. Ross ? Michael va-t-il enfin sortir de prison ? Troy McClure va-t-il jouer dans Plus Belle La Vie ?…

    Cela dure comme cela entre deux et cinq ans en moyenne sans grosse variante. Avec autant de temps passé sur place, nous pourrions croire que, malgré sa no life patentée, il est tout de même devenu un pro du japonais par la force des choses et qu’il va nous en foutre plein la vue. Et bien non, même pas ! Et c’est là que l’on rigole ! En le voyant baragouiner japonais, on s’aperçoit qu’il n’est toujours pas bilingue et qu’il en chie pour trouver des mots de tous les jours et se faire comprendre, le tout avec un accent atroce. Un gamin nippon de six ans en sait plus que lui ! Il était pourtant très fort pour vous sortir une phrase en japonais à l’écrit mais c’est normal puisque c’était son dictionnaire électronique qui bossait. Il s’en est toujours offert un dernier cri le mois qui a suivi son arrivée sur place. Ça lui sert surtout à traduire ses chansons Jpop favorites… A l’oral par contre, zéro pointé ! La plupart de ces minables ne tiennent sur pas plus de cent kanjis qu’ils ne savent que reconnaître de vue et sont infoutus de tracer de tête, et les furigana sont toujours bénis. Quand un japonais lui parle normalement, il s’empresse de lui demander :

    – Etoooo… youquouli hanachtekoudasaille !!!

    Ben oui, ce n’est pas en passant les trois-quarts du temps avec des Français tout aussi incultes que lui, et de japs intoxiqués de culture occidentale pour le dernier quart, que l’on progresse. Quand il allait au cinéma, il fallait que ça soit impérativement en version originale sous-titrée anglais, sinon, c’était pas possible… Il fait penser aux abrutis français gavés de mangas en vf et ne sachant toujours pas lire correctement un hiragana après trois ans de fac. Lui est pareil et encore plus impardonnable.
    Mais alors, comment fait-il pour s’exprimer dans la vie de tous les jours nous direz-vous ? Même s’il ne sort pas de son bocal de grenouilles, il va bien y avoir quelques fois où il devra se faire comprendre des indigènes non ? Oui et il a la solution : il parle anglais ! Il est à Tôkyô ne l’oubliez pas, la plupart des habitants de son âge le cause. Il n’y a que dans cette langue qu’il progressera durant son séjour mais dans le mauvais sens. En effet, pour se faire parfaitement comprendre des habitants, il se mettra petit à petit à parler cet anglais jap si pittoresque. Le karaoké ne l’aide pas là-dessus d’ailleurs.

    Et puis un jour, il rentre en France. Pour de bon. Et oui. De gré ou de force, comme ces connards de traders qui s’expatrient en Angleterre un peu de la même façon, ils reviennent tous au bercail un moment ou à un autre. Parfois, pour des raisons pratiques, pour toucher le chômage ou se faire soigner. Là, ils sont bien contents de trouver les acquis sociaux français. Toujours est-il qu’il rentre. Et c’est la même histoire qui recommence mais en sens inverse : il ne retourne pas en France, il fuit le Japon ! Parce que le Japon ne veut pas de lui et qu’il n’a pas pu y faire son trou comme il l’entendait. Il aurait voulu être un petit-chef, apporter son talent, voire même sauver ces pauvres japs de leur misère. Il voulait vivre à la française mais au Japon. Hélas, ça ne marche pas comme ça là-bas et à moins d’être maso, personne n’a envie de se faire traiter comme de la merde par des enfoirés de kacho qui vous taperont dessus deux fois plus fort juste parce que vous êtes un gaijin. Même en vous faisant tout petit, en parlant mieux japonais qu’eux, en vous faisant brider chirurgicalement les yeux et en vous gavant de 10kg de riz par jour, jamais les Japonais ne vous accepteront et vous considèreront toujours pour ce que vous êtes sur leur sol : un étranger, et dans le sens le plus péjoratif du terme.
    Son séjour se transforme en quelques lignes sur son CV. Il a vécu là-bas plusieurs années, ça en jettera toujours. Il pourra donc briller face à des gens ne sachant pas qu’il n’y a rien foutu du tout. A l’Est, rien de nouveau ! A défaut de bagage culturel, il rentre avec 24 valises contenant plus de 100kg de merdes made in China but sold in Japan sous le bras, achevant de le ruiner à la douane, et montrant sans équivoque, et encore une fois, qu’il n’y a aucune différence entre lui et un touriste à la petite semaine. Il les revendra très vite sur Ebay dans les six mois qui viennent simplement pour payer son loyer.
    Quel est son bilan ? Ses photos nous le montrent de suite. Naturellement, on les a déjà vues puisqu’elles sont toutes en ligne sur son blog. En le parcourant, on est consterné. On y voit quoi ? Des soirées karaoké à profusion, un matsuri, un concert, des purikura, les clowns de Shibuya le weekend, un bout de film fait pendant un tremblement de terre, à moins que ce n’était pendant qu’il niquait, quelques nanas qui l’ont marqué et lui ont, bien évidemment, brisé le cœur, et puis c’est tout. Des visites de temples aussi. Là-dessus, c’est très étrange. Lui qui démolit les religions en général et n’a jamais mis les pieds dans une église, synagogue ou mosquée en France, il va visiter plusieurs temples japonais. Spiritualité, ok, mais à condition qu’elle soit jap… Putain d’otaku !
    A-t-il appris quelque chose ? Non, on vous l’a déjà dit. A-t-il été en province ? Non, Ginza, Akiba et Shibuya furent ses seuls horizons. Des Japonais se souviennent-ils de lui ? Non, dès qu’il est rentré, ses contacts sur Facebook l’ont dégagé. A-t-il fait ou construit quelque chose là-bas ? Non, tous ses projets ne sont restés que des projets. Il n’a fait que faire tourner l’économie des semi-conducteurs chinois et assurer le salaire mensuel de gérants de karaoké.
    Il est arrivé célibataire, il repart célibataire car si certaines bridées le veulent bien pour la nuit, elles n’en veulent pas pour la vie. Dans le même style, il est arrivé fauché, il repart fauché. Il n’a mis aucun argent de côté, ayant pris l’habitude de claquer dès la première quinzaine sa paie mensuelle. Faut le comprendre aussi, ce n’est pas facile d’économiser quand on vit dans le pays de Nintendo…
    Son séjour est à inscrire non pas dans la catégorie « professionnelle » mais dans celle des loisirs. En bon attardé immature qu’il est, ce séjour prolongé au Japon était juste une façon pour lui de continuer à vivre au pays de ses rêves qui ne sont faits que de mangas, d’anime et de jeux vidéo, comme en France, mais cette fois-ci, c’était sur place. Directement du producteur au consommateur. Il avait une chance superbe, il a tout raté. Encore une fois. Un gâchis immense et absolu. Comme lui. Loser un jour, loser toujours.

    On en revient encore et toujours à l’un des plus fameux commandements « trashiens » et qui fait tant de mal : si vous êtes déjà une grosse citrouille en France, aller au Japon ne vous transformera jamais en beau carrosse !

  21. sironimo dit :

    @Les Trasheurs – Je n’aurais pas pensé avoir un jour un comment de Jpop-trash! Merci merci et effectivement, le résumé est là !

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